dimanche 18 janvier 2015

MAIS NE NOUS DELIVREZ PAS DU MAL

Réalisation: Joël Séria
Pays d'origine: France
Année: 1971




- Résumé:
Anne et Lore, sont deux jeunes filles de bonne famille, pensionnaires d'une institution religieuse. Alors qu'elles approchent l'âge de l'adolescence, certainement lacées par leur vie trop tranquille et étouffés par l'éducation trop stricte de leur école, elles décident de se donner à Satan et de vouer leurs vies à faire le mal. Au début ca n'est pas bien méchant, elles confessent des horreurs au curé juste pour lui faire peur, dénoncent leurs camarades pour des délits qu'ils n'ont pas commis, volent des hosties pour faire une messe noire... On pourrait juste croire à une simple crise d'adolescence, mais très vite, elles vont être prises d'envie d'aller bien plus loin. En effet, elles vont tout d'abord tuer les oiseaux du jardinier, juste pour les regarder mourir, exciter sexuellement ensuite le berger "simplet" du village pour finalement le tourner en ridicule et mettre le feu à sa grange... Bref, les deux jeunes filles semblent maintenant avoir perdu tout sens moral et prennent un malin plaisir à jouer avec le feu et l'interdit, sans jamais éprouver le moindre sentiment de culpabilité. Un beau jours pourtant elles commettent l'irréparable et vont en payer le prix fort.









- Commentaires personnels:
J'ai beaucoup de mal à donner un avis sur ce film tant mes sentiments sont contradictoires. Je dirais qu'au cours du visionnage, je n'ai pas vraiment été pris dedans et que je l'ai même trouvé un peu pénible à regarder, jusqu'à l'excellente scène finale, qui finalement donne un sens à tout le reste du film. Bref, je l'ai trouvé chiant à regarder, mais c'est un super film ! Bizarre je sais mais c'est mon sentiment, c'est le genre de film qu'on se met à aimer avec le recul. En tout cas c'est un bel OVNI et rien que pour ca, ca vaux le coup de le voir. L'ambiance fait penser à du Jean Rollin, mais la comparaison s'arrête la car "Mais ne nous délivrez pas du mal" est plus travaillé et a un rythme plus soutenu.





Ce qui déstabilise ici c'est d'avoir placé l'horreur sur des visages d'enfants, de plus issues de bonnes familles et vivant à la campagne, dans un environnement sain et naturel. En effet, on ne voit rien qui peut, à priori, pousser les jeunes filles au vice. C'est comme si le mal c'était installé naturellement en elles. Le film révèle un contraste malsain entre l'innocence et le vice de ces jeunes filles, qui sont en train de devenir des femmes mais ont encore des visages d'enfants. Faut les voir les 2 gamines faire dépasser leurs culottes de leurs petites jupes d'écolières ou encore préparer leur messe satanique, comme si elles étaient en train de jouer à la princesse...





Le rapport entre les deux jeunes filles est d'ailleurs assez intéressant. Anne se distingue en tant que leader du duo et décide systématiquement des mauvaises actions à effectuer, tandis que Lore elle, se montre moins directive, mais est systématiquement volontaire lorsqu'il faut faire les conneries et prendre les risques. Le seul moment ou elles se trouvent en position égale, c'est sur la scène du théâtre ou elles récitent, le poème des "Fleurs du mal" de Baudelaire (ce qu'elles n'étaient, bien entendu, pas autoriser à faire !).





Pour pouvoir comprendre ce film il faut également se mettre dans le contexte de l'époque, ou la religion a encore une grosse emprise sur la société, surtout dans les campagnes. Le film sera d'ailleurs censuré à sa sortie pour cause d'anticléricalisme explicite, ainsi que pour une poignée de séquences érotiques sulfureuses. C'est ce que le film a cherché à dénoncer ici, le fait qu'une éducation religieuse trop stricte et un carcan familial trop oppressant ne sont pas une bonne chose pour des adolescents et ne font au contraire qu'amplifier les désirs de liberté.





Notons que le scénario du film s'inspire d'un fait-divers réel survenu en 1954, en Nouvelle-Zélande. Comme dans "Mais ne nous délivrez pas du mal", Pauline et Juliette étaient deux jeunes filles excessivement proches, au point de se couper peu à peu du monde extérieur. Elles s'étaient même créées un monde fantaisistes à elles et parlaient souvent de personnages irréels, comme si ils existaient dans la vrais vie. Les parents s'inquiétant de la santé mentale de leurs enfants et craignant de terribles choses comme l'homosexualité (et oui on était en 1954...), décident de les séparer et d'envoyer Juliette en séjour dans la famille en Afrique du Sud. Pauline montre son désire de partir avec elle, mais sa mère refuse. Suite à cette décision, les 2 jeunes filles vont élaborer un plan pour tuer la mère de Pauline. Ainsi en pleine âpres midi, les gérants d'un Tea Shop voient arriver les 2 jeunes filles couvertes de sang, prétextant que l'une d'elle est tombé et s'est cognée la tête. Le corps de la mère est retrouvé quelques instants plus tard, couvert de lacérations. Suite à ce meurtre, elles sont condamnées à faire un peu de prison, échappant grâce à leur jeune âge à la peine de mort. Elles seront plus tard libérés à la condition de ne plus se revoir. Par la suite les deux femmes ont eu des vies tout à fait normal et Pauline a longtemps exprimé de fort regrets d'avoir tué sa mère (nous voila rassurés).





- Quelques mots sur le casting:
- Dans le rôle d'Anne (la brune !) on a Jeanne Goupil. A 20 ans, tout en continuant ses études à l'ENSAD (Arts décoratifs de Paris), elle fait sa première apparition au cinéma dans "Mais ne nous délivrez pas du mal". On peut dire que pour une première c'est plutôt réussi. Elle devient ensuite la compagne du réalisateur de ce film et par la suite tournera encore à dix reprises pour lui au cinéma et à la télévision. On peut notamment la retrouver aux côtés de Jean-Pierre Marielle dans "Les galettes de Pont-Aven" (1975).





- Catherine Wagener (La blonde !), commence sa carrière par une apparition face à Jacques Brel en 1967 dans "Les Risques du métier", mais "Mais ne nous délivrez pas du mal" restera son rôle le plus important. Elle tourne ensuite dans quelques téléfilms, mais reste confinée à des rôles dans le cinéma érotique, qui connaît son apogée au milieu des années 1970. On peut la retrouver notamment dans "Desirella" (appelé aussi "Les Chattes" 1970), ainsi que dans le Max Pécas "Je suis frigide... pourquoi ?". Elle disparaît ensuite des écrans en 1976, lorsque le genre passe de mode avec l'arrivée de la pornographie hardcore. Oubliée de tous, elle meurt seule et dans la misère. Son corps est retrouvé le 3 mai 2011 sans que la date de son décès ne puisse être précisée.



- On note la présence de Michel Robin qui joue Leon, le jardinier simplet de la maison de famille de Anne. Il tourne beaucoup et apparait notamment dans "Qui êtes-vous, Polly Maggoo?" (1966), "Le jouet" (1976 avec Pierre Richard), "La chèvre" (1981 avec Pierre Richard), "Le fabuleux destin d'Amélie Poulain" (2001), ainsi que dans quelques épisodes des Deschiens.





- La bande son:
La musique contribue grandement à accentuer les différentes atmosphères du film. Le thème joué à l'orgue et au clavecin, que l'on doit à Dominique Ney est superbe, et donne un ton religieux et glauque aux différentes scènes du film. Je n'ai malheureusement pu trouver aucunes infos sur ce compositeur.







- Comment se le procurer:
Le DVD est trouvable, il a été réédité par les américains de Mondo Macabro.






(Sources: sites internets Wikipedia et IMDB)

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